La question de la place des femmes

Mai 2017 : En octobre prochain, moins de trois ans après le lancement des éditions Playlist Society, nous publierons notre dixième ouvrage. Grâce à l’appui des libraires et de certains médias culturels, et au soutien de nos lecteurs, la structure s’avère pérenne ; et nous avons énormément de projets sur le feu dont nous vous reparlerons très vite. C’est une fierté pour nous, tant faire vivre une maison d’édition de nos jours demande un engagement quotidien. S’appuyant toutes les deux sur le collectif Playlist Society*, la revue en ligne et la maison d’édition coexistent pleinement, les deux se nourrissant mutuellement.

À l’heure des premiers bilans, une tendance s’est dessinée au sein nos publications. Par un jeu de circonstances, nous avons essentiellement publié des livres de cinéma sur des réalisateurs blancs et américains ; alors que notre souhait est de proposer à la fois des monographies et des analyses transversales, aussi bien en cinéma qu’en musique, littérature, BD, jeux-vidéo et art, tout en restant ouverts le plus possible sur le monde.

Surtout, un chiffre n’a pas manqué de retenir notre attention : neuf de nos dix premiers livres ont été écrits par des hommes, et le dixième (Paul Verhoeven, Total spectacle) a été cosigné par quatre hommes et une femme (Linda Belhadj). Parmi nos nombreux projets en cours, on dénombre à nouveau une grande quantité de livres écrits par des hommes, et un seul coécrit par une femme. Plus généralement, quasiment 95 % des manuscrits ou projets qui nous sont adressés sont proposés par des hommes.

Ce déséquilibre nous pousse à nous remettre en question. Il est évident qu’il existe des mécanismes profonds, des ornières que l’on emprunte sans même s’en rendre compte. La critique et le journalisme culturel (en particulier en cinéma et en musique) sont certes des milieux où les femmes sont largement minoritaires – notre propre rédaction est principalement constituée d’hommes, quand bien même la majorité d’entre eux se considèrent progressistes, ouverts, pro-féministes, et que ces questions sont régulièrement abordées aussi bien dans nos livres que dans nos papiers sur le site –, mais cette explication ne nous satisfait pas, tant elle cache des conditionnements contre lesquels il faut lutter.

Si nous n’avons pas de solution toute prête à proposer, nous souhaitons continuer à chercher des moyens pour enrayer les mécanismes d’invisibilisation des œuvres de femmes et des femmes qui parlent d’œuvres, pour faire tomber les barrières d’autocensure et proposer concrètement plus de mixité. Prendre conscience de ce problème est un début ; gageons que ça ne sera pas le point d’arrivée.

Pour nous soumettre manuscrits ou projets, une seule adresse : manuscrits@playlistsociety.fr.
Nous répondons à tous les mails après concertation au sein du comité de lecture.

Le collectif Playlist Society

*La liste intégrale des membres du collectif est disponible ici. Si nous essayons de tout faire en interne, il nous faut aussi citer l’aide précieuse de Camille Mansour (conception graphique intérieure), Damien Besançon (relations presse), ainsi que Pollen, notre diffuseur, et Espace Grafic, notre imprimeur.