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>01. Rock Plaza Central – Oh I can (Thomas Messias)
Extrait de “…At the moment of our most needing” – 2009 – Mantrarock-plaza-centralThe Battery (un drame existentiel avec des zombies). J’en ai même fait les héros de ma PS’Playlist de janvier 2015. Cinq mois plus tard, je continue à me repaître de leur discographie faite de mantras rock qui semblent me transcender et m’apaiser à la fois. Envie d’en découdre, besoin de se retrouver. Rock Plaza Central pourrait bien être l’un des groupes essentiels de mon existence : je me vois continuer à les écouter lorsque j’aurai cent ans.

02. Villagers – Dawning on me (Crouch Angeles Version)(Alexandre Mathis)
Extrait de “Darling Arithmetic” – 2015 – Folkplaylist juin villagers
Il n’y a pas mille choses à dire sur le nouveau Villagers, si ce n’est que l’album est très beau, qu’il me touche infiniment. Les mélodies sont ciselées, les textes purs et profonds. On sent que le chanteur a des choses à dire, qu’il se met à nu sans renier les arrangements. Au sein de la contrée musicale de 2015, Darling Arithmetic ressemble une grotte remplie de trésors. Et Dawning on me, que ça soit sa version « normale » ou sa version alternative dite “Crouch Angeles Version”, en est la pierre la plus précieuse.

03. Cosmo Sheldrake feat. Anndreyah Vargas – Rich (Christophe Gauthier)
Extrait de “Pelicans We” – 2015 – Indie-popCosmo Sheldrake - Pelicans We
Cosmo Sheldrake est un drôle d’énergumène. Son CV a des airs de Kamoulox : fils d’un parapsychologue et d’une disciple de Stockhausen, multi-instrumentiste, élève de Bobby “Don’t Worry Be Happy” McFerrin… Autres particularités : il enregistre tous les sons qui passent à portée de son micro (ça va du hérisson au bord d’une route aux bruits de pas sur des graviers en passant par… le soleil), et il tourne ses clips dans les endroits les plus incongrus (un village miniature, un lavomatic, une porcherie). De ce mélange délirant est né “Pelicans We”, EP sorti en avril dernier, sur lequel le morceau “Rich” se détache : avec son rythme pesant et le chant enfantin d’Anndreyah Vargas, ce titre s’est niché dans un recoin de mon cerveau début juin et refuse depuis lors d’en sortir.

04. Jamie XX – Seesaw (Anthony)
Extrait de “In Colour” – 2015 – Electro neurasthéniqueincolour-packshot
Au début des années 90, un aimable mouvement baptisé “trip hop” connût ses heures de gloire derrière des artistes tels que Massive Attack, Portishead, Tricky, Morcheeba… réconciliant les amateurs de new wave et de musiques électroniques. Jamie XX, avec ce morceau Seesaw, chanté par sa comparse de The XX, Romy, s’inscrit dans cette filiation musicale, ritournelle électro avec boucles et voix désincarnée, mélancolique à souhait, visant à l’évidence à faire se trémousser des jeunes gens emplis de tristesse face à la difficulté existentielle du monde contemporain (merde c’est moche la life et j’en ai marre de moi et le noir c’est beau et je préfère me complaire dans les complaintes de ma radio mentale et c’est quand le bonheur ?). Bref, c’est bien tristounet, Jamie XX, mais c’est quand même bien foutu.

05. Kent – J’aime Un Pays (Isabelle Chelley)
Extrait de “À Nos Amours” – 1990 – chanson française1990_ANosAmours
Ça n’arrive pas souvent, mais la chanson qui me trotte dans la tête ce mois-ci est française. En me replongeant dans la discographie de Kent pour préparer une interview, je suis retombée sur J’aime un pays et sans nourrir de faible pour l’accordéon, j’ai trouvé que là, assaisonné de doo-doo-doo m’évoquant Walk On The Wild Side, il passait tout seul. Mais ce sont surtout les paroles qui ont fait mouche. Pas facile d’aimer ce pays en ce moment pour une foule de raisons. Pas simple de le détester non plus. Et cette ambiguïté, ce malaise, Kent l’a retranscrit parfaitement, avec un mélange d’ironie désabusée, de tristesse et de tendresse.

06. FFS – Little Guy From The Suburbs (Thierry Chatain)
Extrait de l’album “FFS” – 2015 – ballade couleur muraille
Je suis un garçon facile. Chantez-moi quelques mots en français avec un accent anglo-saxon, comme Bowie, Blondie ou Roxy, et c’est dans la poche. À l’instar de Lloyd Cole, glissez 2CV ou Simone de Beauvoir dans une ritournelle, et je suis votre homme. Alors, quand Alex Kapranos susurre « Vive le Québec libre » façon Grand Charles à Montréal en 1967, et relance un peu plus loin d’un « Fake existentialist, I’m the martyr/Steal from the bank of Jean-Paul Sartre », mes défenses tombent. Même si un tel parti-pris n’est aucunement nécessaire pour se délecter de ce portrait en demi-teinte d’un petit terroriste ordinaire, qui est aussi un des sommets de l’album associant Franz Ferdinand et Sparks, deux groupes notoirement francophiles. Il n’y a pas de hasard.

07. Derrick May – Sueno latino (Illusion first mix) (Laura Fredducci)
Extrait de l’album éponyme – 1992 – TechnoR-145681-1128397603
Découverte au début du film Eden, cette musique incarne toute la fraîcheur et la légèreté d’un début d’âge adulte, d’un début d’aventure, tout en comportant une mélancolie sous-jacente qui en annonce déjà la fin. Si Derrick May décrivait la techno des débuts comme « la rencontre dans un ascenseur de George Clinton et de Kraftwerk », on a l’impression qu’ici d’autres invités improbables sont ici montés en marche pour amener mélodies acidulées, rythmes joyeux et nappes planantes, et en faire ce morceau qui ne ressemble à rien d’autre.

08. Etienne de Crécy – Night (Cut the crap) (Arbobo)
extrait de “Super Discount 3” – 2015 – houseEtienne-de-Crecy-2015-Super-Discount-3
La disco, la house ou sa variante garage, ont souvent une pointe de tristesse qui les rend touchantes malgré la simplicité des mélodies et les rythmiques destinées avant tout à faire danser. Il y a un peu de ça dans Super discount 3, l’album sans faute d’Etienne de Crécy, qui en profite pour faire un tour d’horizon des formes d’électro dancefloor. Quand on arrive à 25 ans, on parle parfois de l’adolescence avec tendresse, comme d’un âge où les émotions se mêlent confusément, où l’on est parfois heureux d’être malheureux et où être incompris est douloureux et rassurant. Puis un soir, un peu paumé, on réalise qu’on ne sait pas pourquoi on a envie de danser mais qu’on le veut très fort, sans explication, et on se frôle, on se provoque du regard avec morgue mais au bord du sanglot. Dans ces moments-là, tout ce qu’on pourrait dire n’est que de la merde, alors cut the crap. Les pieds qui chauffent sur le sol brûlant, les mains bien haut et les hanches en transe, il n’y a qu’une chose qui compte : ne pas s’arrêter avant la fin.
Ne me demandez pas si j’ai envie de pleurer. Qu’est-ce que j’en sais ?

09. Shopping – Get going (Benjamin Fogel) 
Extrait de “Consumer Complaints” – 2015 – Post punkShopping
Les dernières semaines ont été particulièrement douloureuses pour moi. Tout un pan de ma vie s’est effondré, au point que je ne prenne même plus de plaisir à écouter de la musique. Pourtant, il y a ce disque Consumer Complaints du trio londonien Shopping, qui lui continue de tourner. On a à faire à du post punk instinctif, très à l’aise dans ses rythmiques et dans ses mélodies. Cela ne demande aucun effort pour être apprécié et ça m’aide parfois à trouver le courage de m’habiller le matin.

10. Stephan Bodzin – Wir (Marc Mineur)
Extrait de “Powers of Ten” – 2015 – MinimalBodzin 150
On n’attendait pas vraiment de nouvelles de Stephan Bodzin huit ans après un Liebe Ist… qui avait tant plu. On retrouve pourtant avec surprise et plaisir cette electro minimale qui arrive avec l’été pour nous bercer de sa douce euphorie. Tout cet album est plus varié qu’il n’y parait, en perpétuelle évolution. Avec ces inimitables montées comme au flipper, ses gimmicks en boucle qui ne lâchent jamais rien, surtout pas son auditeur.

11. Quantic & his Combo Bárbaro – Un Canto A Mi Tierra (Marc di Rosa)
Extrait de l’album “Tradition in Transition” – 2009 – soul-funk, afro-caribéen, latinoquantic_tradition_transition
Pendant quelques années, le DJ anglais Quantic (qui a collaboré avec la chanteuse Alice Russell entre autres) a vécu en Colombie, où il a enregistré Tradition in Transition, un album soul-funk, afro-caribéen et latino avec des musiciens sud-américains. De ces sessions qu’on imagine endiablées est sorti un hymne à la planète, intitulé justement Un Canto A Mi Tierra, à l’irrésistible rythme chaloupé et à la joyeuse mélodie communicative, chantée par l’étincelante Nidia Góngora. Un son qui colle parfaitement à l’esprit du Worldwide Festival du DJ anglais Gilles Peterson, où Quantic s’est déjà produit…